Comment reconnaître une orchidée ?
La famille des Orchidacées est rangée par les botanistes dans la classe des Monocotylédones. Cette appartenance se vérifie à la fois dans leurs parties aériennes et dans la structure des fleurs.
Pour les parties aériennes, on observe les caractéristiques suivantes :
- Une tige unique dressée
- Des feuilles entières à nervures parallèle (sauf Goodyera repens), parfois tachetées ; les feuilles sont réduites à des écailles pour 2 espèces : Limodorum abortivum et Neottia nidus-avis
- Une inflorescence en épi terminal (pour les orchidées normandes)
Les feuilles de la base de la plante sont souvent disposées en rosette étalée, les autres feuilles sont alternes et s’insèrent le long de la tige.
Les orchidées terrestres (comme le sont toutes les espèces normandes) ont développé une symbiose avec des champignons microscopiques du sol, cette association étant indispensable à la germination de leurs minuscules graines dépourvues de réserves nutritives. L’association entre orchidée et champignon peut se poursuivre toute la vie de la plante.
Les fleurs d’orchidées comprennent six pièces florales principales :
- Trois sépales : deux latéraux et un dorsal
- Trois pétales : deux latéraux et un pétale principal très différencié nommé labelle (éventuellement divisé en plusieurs lobes)
A l’inverse des autres monocotylédones, tels qu’iris, narcisses, colchiques, jacinthes, dont les fleurs sont aussi d’ordre 3 mais présentent une symétrie radiale, les fleurs d’orchidées sont organisées selon une symétrie bilatérale par rapport à un plan vertical ; on distingue de ce fait une partie basse autour du labelle et une partie haute. (schémas extraits de l’ATLAS des orchidées de Normandie)
Le labelle est une spécificité des orchidées : il exerce une fonction d’attraction vis-à-vis des insectes pollinisateurs. Il agit en tant que leurre visuel, olfactif, tactile qui provoque attirance sexuelle ou alimentaire conduisant ces pollinisateurs vers les parties reproductrices de la fleur. Chez les orchidées, les organes mâle et femelle sont soudés en un appareil unique : le gynostème.
Comment identifier les orchidées normandes ?
La flore française compte plus de 160 espèces d’orchidées dont une cinquantaine est présente aujourd’hui en Normandie.
Chaque espèce est présentée sur une fiche résumant l’essentiel de ses caractéristiques valables pour notre région : habitat, période de floraison, distribution en Normandie, espèces proches, insectes pollinisateurs et hybrides, avec des photographies. (Toutes les photographies des espèces ont été réalisées en Normandie)
La détermination doit se faire sur un ensemble de plusieurs individus car la variabilité des caractères au sein d’une même espèce est parfois importante. Consulter notre ATLAS des Orchidées de Normandie ou bien recourir à des ouvrages sur les Orchidées de toute la France.
Il faut aussi tenir compte de la phénologie (période de floraison) et de l’habitat : zones humides, milieux forestiers et semi-forestiers, pelouses et coteaux calcaires, lisière de voie de communications, espaces semi-urbains, parcs et jardins, friches.
Les espèces non observées depuis un demi-siècle en Normandie ne figurent pas ici.
Enfin, l’ouvrage nous ayant servi de référence pour les noms d’espèces retenus est, sauf exception, FLORA GALLICA, Flore de France paru en 2014.
Les listes rouges d’espèces menacées & les espèces protégées
La région Normandie comprend 5 départements : la Manche, le Calvados et l’Orne correspondent à l’ancienne région de Basse-Normandie, la Seine-Maritime et l’Eure à celle de Haute-Normandie. Ces divisions purement administratives sont rappelées ici, et on évoquera soit les « ex-régions » soit les « sous-régions » pour y faire référence car nombre de documents scientifiques et/ou légaux se rapportent à ces anciens territoires administratifs.
Dans chacune des fiches de présentation des espèces, nous indiquerons, d’une part le degré de menace qui pèse sur l’espèce en question, d’autre part son statut légal de protection.
- Les menaces pesant sur les espèces sont évaluées au travers des listes rouges des espèces menacées. Les Listes rouges sont établies conformément à des critères internationaux de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. Les orchidées de France métropolitaine ont fait l’objet d’une Liste rouge spécifique à l’échelle nationale en 2009. Plus récemment, les deux Conservatoires Botaniques Nationaux de Brest et de Bailleul ont élaboré des Listes rouges de l’ensemble de la flore, pour chacune des ex-régions. On distingue ainsi par les abréviations et les codes couleurs, les catégories suivantes :
Les espèces menacées :
- _CR_ Espèce en danger critique
- _EN_ Espèce en danger
- _VU_ Espèce vulnérable
Les espèces à surveiller sont notées _NT_ et les espèces non menacées sont notées _LC_ :
- _NT_ Espèce quasi menacée
- _LC_ Espèce à préoccupation mineure
A noter que les espèces disparues au niveau d’une des 2 sous-régions sont notées _RE_ :
- _RE_ Espèce disparue au niveau régional
Enfin les espèces pour lesquelles les données sont insuffisantes sont notées _DD_ et celles pour lesquelles les protocoles sont non applicables sont notées _NA_ :
- _DD_ Données insuffisantes
- _NA_ Non applicable
On pourra se référencer aussi à l’article suivant de notre Bulletin « Listes rouges des orchidées de Normandie ».
- Les plantes protégées bénéficient d’un statut défini dans la loi de 1976, et sont listées dans un arrêté national de 1982 modifié en 1995. En complément du niveau national, des listes d’espèces protégées ont été publiées par arrêtés dans chacune des deux ex-régions de Normandie. Il y a donc des espèces d’orchidées qui sont protégées uniquement régionalement dans l’une ou l’autre des sous-régions ou dans les deux entités normandes, ou qui le sont aussi à titre national.
Où voir des orchidées en Normandie ?
Les habitats des orchidées en Normandie sont nombreux, mais peu étendus dans un territoire urbanisé, industrialisé et fortement marqué par l’agriculture intensive. Par ailleurs certains espaces n’atteignent leur optimum de biodiversité qu’à condition de faire l’objet d’une gestion appropriée : pâturage extensif ou fauche raisonnée. Voici les principaux biotopes favorables aux orchidées :
- Pelouses calcicoles
- Forêts calcicoles ou non
- Ourlets, lisières forestières, haies bocagères
- Prairies fraiches
- Prairies humides
- Bas-marais
- Tourbières
- Dépressions humides dunaires
- Landes
- Pâtures sur dépôts sableux
- Accotements routiers
- Friches, anciennes carrières
- Gazons urbains et de jardins
Réputée pour le vert de ses paysages, la Normandie n’est pas pour autant une région uniforme quant à ses habitats naturels. D’ailleurs, les zones de grandes cultures du pays de Caux en Seine-Maritime, du Roumois et de la campagne de Saint-André dans l’Eure ne présentent que peu de refuges à la flore sauvage.
Du point de vue géologique, une ligne approximative Valognes-Carentan-Bayeux-Falaise-Alençon sépare la Normandie armoricaine, à l’ouest, de la Normandie sédimentaire à l’est de cette ligne. Cette nature géologique du sous-sol conditionne la rareté ou la présence de certaines espèces fortement calcicoles ; ce constat est néanmoins à nuancer selon les recouvrements superficiels.
Du point de vue climatique, une micro-région comme le Mortainais, très arrosé, s’oppose au sud-est de l’Eure, une des régions les plus sèches de France et de ce fait favorable aux espèces thermophiles.
Sur le littoral, les côtes de la Manche aux vastes massifs dunaires présentent plus d’espaces préservés que celles du Calvados, beaucoup plus urbanisées ou que celles de la Seine-Maritime avec ses falaises.
Certaines espèces menacées ou rares des milieux humides trouvent parfois leurs ultimes refuges dans les vastes ensembles que sont les marais du Cotentin, la baie des Veys, les estuaires de l’Orne et de la Seine, le Marais-Vernier.
Enfin, les pelouses calcaires bien exposées des vallées de la Seine et de l’Eure sont sans conteste les « hots-spots » de la diversité orchidologique normande.